CANICULE et SANTE impact percurtant : étonnant ???
Extrait d'un excellent article EGORA de Isabel Soubelet du 26 juin
Zoonoses, pathologies respiratoires, risques infectieux
Fortes chaleurs, augmentation des pluies intenses, multiplication des épisodes extrêmes sévères… Le dérèglement climatique entraîne des impacts sanitaires nombreux. "Aujourd’hui, la prise de conscience peut être individuelle ou professionnelle, mais elle tarde au niveau collectif", estime Violaine Brunelli-Mauffrey, médecin généraliste et cofondatrice de la MSP de Tomblaine (Grand Est). "Je m’imagine mal exercer avec 4 °C de plus. Mais de manière très objective, cette hausse des températures va aussi entraîner l’augmentation de nombreuses pathologies."
Selon Pierre Souvet, cardiologue et président de l’Association santé environnement France (Asef), les premiers effets sanitaires seront visibles à plusieurs niveaux. "La hausse des températures rend le retour du sang au cœur et le travail cardiaque plus difficiles, favorisant les problèmes cardiovasculaires, précise-t-il. La hausse de la pollution va accentuer les pathologies respiratoires, et la déshydratation favorisera les problèmes rénaux. À cela, il faut ajouter les conséquences du développement des zoonoses, l’arrivée d’espèces invasives vectrices de nouvelles maladies, les risques infectieux et épidémiques en hausse (dengue, paludisme, chikungunya, etc.)… sans oublier les conséquences sur la santé mentale. De plus, on sait que les patients qui prennent des antidépresseurs ou des antihistaminiques peuvent avoir une altération de la perception de la chaleur. Pour s’adapter aux pics de chaleur, le médecin doit avoir tous ses éléments en tête lors de ses consultations."
En tant que médecin généraliste, on doit endosser notre responsabilité et notre rôle d’ambassadeur
Du côté de la population, les personnes les plus vulnérables – enfants, femmes enceintes, travailleurs extérieurs, personnes atteintes de maladies chroniques – seront les plus touchées. Il est donc important et nécessaire de pouvoir les identifier. Comme l’a rappelé Hervé Raps, médecin délégué à la recherche au pôle Santé humaine du Centre scientifique de Monaco, lors du colloque "Réduire les plastiques, un enjeu vital pour l’océan", qui s’est tenu à Marseille en mai dernier : "Il faut aujourd’hui considérer les liens entre environnement et santé humaine, et parler de santé globale et intégrée. L’élévation de la température de l’eau stimule la capacité de virulence des bactéries. Et la pollution plastique est un vecteur de l’augmentation de l’antibiorésistance."
Ainsi, réchauffement climatique et plastiques (très présents dans le secteur de la santé) ont des impacts sanitaires directs et indirects qui s’auto-alimentent dans un processus en cascade.
Un "besoin de repères"
Les effets du réchauffement climatique qui surviendront en 2050 ou en 2100 peuvent sembler lointains pour les professionnels, déjà très sollicités au quotidien, et les empêcher de prendre le sujet à bras-le-corps dès maintenant. Pourtant, de nombreuses initiatives existent. Il y a plus de quatre ans, un groupe de travail Santé planétaire a vu le jour à l’initiative des médecins au sein du Collège de la médecine générale (CMG).
"Il y a aujourd’hui une vraie prise de conscience et un besoin de repères", souligne Paul Frappé, son président. "Les questions environnementales ont été intégrées dans le référentiel professionnel de médecine générale sorti en mars dernier. L’objectif est que ce sujet infuse auprès des médecins généralistes. Il vient toucher et impacter la nature du métier et va faire évoluer le contexte de la pratique de la médecine de ville."
D'ailleurs, en 2019, traduire et publier la "Déclaration appelant les médecins généralistes du monde entier à agir en faveur de la santé planétaire" a été la première étape pour passer à l’action au sein du groupe du CMG comme de l’association Alliance santé planétaire. En 2023, la définition européenne de la médecine générale a inclus la santé planétaire. Là encore, l’un des objectifs est de la traduire et la diffuser afin que chaque médecin généraliste dispose d’un cadre clair.
Eva Kozub, médecin généraliste, coordinatrice du groupe Santé planétaire du CMG, qui compte une vingtaine de membres actifs, et membre fondatrice de l’Alliance santé planétaire, rappelle l’importance des enjeux : "Notre objectif est de fabriquer une boîte à outils pour les médecins généralistes et de les aider à passer à l’action. Nous avons produit des fiches, des affiches et référencé de nombreuses ressources pour que chacun puisse développer ses connaissances. Aujourd’hui, on sent vraiment l’évolution au sein de la population générale et de la population des médecins généralistes. Les liens se font entre la hausse des températures, la couche d’ozone, les perturbateurs endocriniens, la pollution… Il faut avoir une vision globale One Health. C’est donc un changement de perspective. Notre discours en tant que médecin généraliste va s’adapter à ce changement afin d’avoir une meilleure santé des personnes tout en protégeant la planète."
Les cobénéfices, la clé de l’adaptation
Se préparer au changement climatique est une tâche de grande ampleur, mais le but est d’adopter une stratégie d’adaptation en mettant en place au quotidien des actions dans son cabinet médical et avec ses patients.
Site de l'association francophone Alliance Santé Planétaire
des fiches pratiques pour conseiller, informer