tribune que je partage, lu sur EGORA : merci à eux
“Depuis plusieurs années déjà, les filières de santé sont majoritairement composées de femmes. Pourtant, à la tête des différentes organisations représentatives de nos professions, se trouvent encore majoritairement des hommes. Cette année, nous avons la chance d’être plus nombreuses à la présidence de fédérations étudiantes en santé et syndicats de jeunes médecins. Nous profitons de cette occasion et de cette journée du 8 mars pour discuter de la place des femmes, soignantes et engagées.
Dans le milieu de la santé, comme ailleurs, les femmes sont victimes du masculin-neutre omniprésent de notre société. 35 % des femmes ont l’impression de subir des clichés, des stéréotypes liés au fait d’être une femme dans leur prise en charge médicale contre 21% pour les hommes. Et pour cause : la plupart des études médicamenteuses et cliniques sont réalisées sur des patients hommes, ainsi, les symptômes masculins des pathologies et les effets indésirables des médicaments sont surtout connus, et enseignés, pour le modèle biologique masculin. L’apprentissage en simulation est fait sur des mannequins androgynes rendant les premiers gestes sur les femmes plus douloureux, moins précis, parfois même plus risqués.
En tant que jeunes femmes, soignantes, engagées à la tête d’associations et syndicats, nous devons réfléchir à la place des femmes dans le soin et ainsi repenser notre relation à nos patientes et patients : réfléchir aux stéréotypes de genre qui gouvernent nos pratiques, prendre en compte les émotions dans le soin (pour les femmes comme pour les hommes), tenter de se distancer des clichés pernicieux telles que "les femmes sont moins résistantes que les hommes" ou encore "les femmes pleurent plus" et ainsi tenter de prévenir les violences dans le soin.
Bien qu’elles représentent 77,7% des professions intermédiaires de la santé et du travail social, ainsi que 2 jeunes médecins sur 3, les femmes soignantes sont elles aussi victimes du “plafond de verre”. Par exemple, sur les 36 doyens de faculté de médecine, seulement 8 sont des femmes. Évoluant dans une société où les obligations familiales sont encore majoritairement portées par les femmes, leurs carrières sont volontairement sacrifiées par leur hiérarchie. Pire encore, les maux que connaît actuellement notre système de santé, tels que les problèmes d’accès aux soins, sont reprochés à la “féminisation de la profession”. Pourtant, c’est toute l’organisation du travail qui est différente aujourd’hui, pour les femmes comme pour les hommes. Travailler “moins” peut vouloir dire “faire moins d’heures”, mais cela ne veut pas dire moins bien soigner, au contraire : cela suppose de réfléchir à un cadre d’organisation cohérent, de prendre le temps de bien connaître ses patientes et ses patients et de favoriser l’éducation thérapeutique plutôt que la réponse immédiate, ainsi que la collaboration inter- et pluriprofessionnelle pour assurer une continuité des soins optimale.
Mais le “plafond de verre” ne s’arrête pas aux seules carrières des femmes, il se poursuit au monde politique et syndical : rares sont les femmes qui parviennent à la tête d’organisations représentatives, y compris dans les métiers où elles sont majoritaires ; pour preuve, on en fait une tribune cette année car nous sommes plusieurs ! L’engagement, les revendications restent encore pour certain.e.s dans la sphère masculine. “L’homme politique” doit parler fort, il doit s’énerver et taper du poing sur la table pour se faire entendre et voir son avis pris en compte, mais ce même comportement est connoté comme capricieux ou hystérique dès lors qu’on est une femme.Cela rend donc plus difficile encore d’imposer sa légitimité, les discours des femmes sur les sujets médicaux, scientifiques ou syndicaux sont relégués derrière leur physique, leur tenue vestimentaire etc. Pour nous, qui sommes également jeunes, et qui représentons des étudiant.es et de jeunes professionnel.les, nous devons doublement subir ce ton paternaliste, héritier d’un modèle sociétal masculin et de la relation soignant-malade d’autrefois, car toutes les autres parties pensent savoir mieux que nous. Mais grâce à nos présences de plus en plus nombreuses, à notre volonté de travailler ensemble et à l’évolution de certaines mentalités, nous espérons que les choses continueront d’avancer dans le bon sens, et plus loin encore.
Toutes et tous, nous devons aller vers le dépassement de genre dans les soins et dans la société afin de diminuer la violence, ne plus accepter le sexisme au sein des organisations et institutions pour mieux représenter toutes les parties prenantes, mettre en place des dispositifs pour que les grossesses et la maternité ne soient plus des freins à la carrière des femmes et permettre un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle pour les femmes, comme pour les hommes.
Par Les présidentes de ReAGJIR, l’Isni, la FNSIP-BM, la Fnek, l’Anesf et la Fnesi le 08-03-2023
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