devenir des diplomes de MG : ce que j'en retiens

Publié le par alternativesenmedecinegenerale

 

Jeunes diplômés de MG : devenir MG ... ou pas ?


Etudes DREES de Février 2011 par Me Bloy

 

Il est intéressant d'avoir un regard extérieur sur notre profession. J'ai lu avec intérêt cette étude dont je vous rapporte quelques éléments qui m'ont perturbées !

 

Actuellement, la tendance est de dire : les jeunes médecins sont guidés par la qualité de vie pour leur exercice professionnel : génération des 35 h en critique négative de fond. Me Bloy nous met en garde sur ce raccourci qui masque une autre réalité : l'ensemble des jeunes diplômés de MG qu'elle a suivi ont un engagement important dans leur travail. (p18) Cet engagement tient compte de l'évolution du cadre de vie : la biactivité au sein des couples, la féminisation, le changement de notabilité et de statut social du MG, le tout dans un marché du travail qui offre de multiples possibles de carrières professionnelles autre que MG de premier recours, à partir d'un diplôme de MG.

 

D'autre part, elle met en lumière qu'il ne faut pas homogénéiser les générations :

=>chez les anciens MG, nous retrouvons :

le médecin sacerdoce aidé du travail invisible de son épouse

et celui qui a aménagé son temps de travail en limitant ses heures.

=>chez les jeunes : la rupture générationnelle pour elle date des années 1970

l'époque actuelle est marquée par des liens sociaux instables et réversibles : la construction de soi est révisée. Le post internat est donc une période de liberté pour tester des possibles dans une incertitude sur l'exercice à venir : les règles du jeu peuvent changer. (p21) Et là, je me reconnais dans cette difficulté à penser une installation qui est un engagement financier qui engage sur une dizaine d'années, dans un contexte où il y a une inconnue sur les 5 ans à venir.

 

Enfin, la filière MG attire les femmes majoritairement. Le recrutement social des étudiants en médecine est celui d'enfants de cadres supérieurs, médecins : il y a une forte homogamie. Ces femmes ne sont pas des pionnères. Leur disponibilité au travail est fonction de ce que font leur conjoint. Certaines choisiront le libéral pour moduler leurs horraires et leurs revenus. Elles sont cependant minoritaires sur ce choix. (p25) D'autres majoritaires choisiront l'activité salariée : elles acceptent des postes staturairements et financièrement peu gratifiants. Elles les acceptent au nom de valeurs humanistes et par conformité aux normes sociales : le mari apporte les revenus, elle gère la famille. Il n'y aucune contestation féministes. Les rapports sociaux sont inégaux, elles s'en accomodent. (p112)

 

L'orientation de la carrière professionnelle est en lien avec :

des espaces de liberté une fois diplômé

et des déterminations sociales et liées au genre.

 

En effet, le diplôme MG a de la valeur dans le marché du travail : il apporte une polyvalence de métiers : une ouverture sur des possibles. Les jeunes diplômés ont des facilités d'adaptation et d'acquisition de compétences supplémentaires reconnues par ce marché. Cependant l'auteur nuance en rappelant que les contraintes sur les femmes sont fortes, qu'en cas de problèmes de santé : le libéral apporte une importante difficulté et que les charges libérales coincent les MG qui souhaitent une polyactivité. D'autre part, elle repère que ceux qui travaillent en institution (en tant que salarié) se réclament de la compétence MG et de cette identité en ayant des disqualifications insidieuses sur leur évolution professionnel (p96) : le diplôme MG a de la valeur avec des réserves !

Concernant la polyactivité, c'est une demande forte des jeunes diplômés : l'installation en MG induit des renoncements. Tous font le constat que le temps partiel compte tenu des charges est de faible rentabilité : elle invite à une réflexion sur des conditions statutaires de polyactivité (p96). Je rejoinds l'idée que compte tenu de la pénurie à venir : chaque temps partiel est important. Un médecin heureux dans son exercice : soignera mieux ses patients !

 

Dans les années 70, le MG est un auto didacte, aucune formation spécifique, le remplacement est une expérience partagée. Dans les années 2000, la formation est là avec ses contraintes théoriques, de stage, de validation dans un souci d'excellence : cette rigueur n'est pas toujours comprises des étudiants, ni légitimes à leurs yeux. (p83et96) Il y a parfois conflit entre les enseignants issus de la génération des années 70 et ces nouveaux jeunes médecins qui conduisent ces jeunes MG à fuir l'exercice de la MG pour une autre métier. J'ai effectivement retrouvé que dans d'autres disciplines, les contraintes de validation du troisième cycle sur Lyon était moindre que les contraintes en MG....L'auteur retrouve bien une "évaporation" entre les diplômés de la MG et ceux qui l'exercent : mais sur ce sujet aucun chiffre précis n'existe....

 

Quant aux jeunes diplômés qui exercent la MG, elle retrouve 3 profils :

 

)>le profil critique vigilant autonome

refus d'une dérive commerciale, formation médicale continue indépendante des labos, une attitude d''ascète (p86)

)>le profil collégial intégré

intégration et collégialité au quotidien comme ressource essentielle, qualité de la PEC des patients (p89)

)>le profil libéral conventionnel

des valeurs traditionnelles d'autonomie et d'activité libérale sur un fond de tradition familiale. (p91)

 

Devenir libéral ne va pas de soi pour la majorité (sauf pour le 3ème profil). Il y a un temps nécessaire pour tester par les remplacements : selon le vécu de ces remplacements, les jeunes diplômés poursuivront l'exercice de la MG ambulatoire ou postuleront pour d'autres métiers. Les contraintes administratives, les jeunes y sont mal préparés, sont mal vécues. (p92) Il est nécessaire pour ces jeunes MG d'appréhender le contexte local qui amènent à des relations heureuses ou conflictuelles. L'auteur rappelle que la grande majorité des MG installés n'a pas la préoccupation de transmettre leur métier aux plus jeunes. (p94) La lecture de ce rapport me confirme la pertinance de notre association d'accueillir les jeunes diplômés pour qu'ils demeurent MG ambulatoire : agir sur les éléments repérés comme MG fuge par l'auteur. Enfin, l'auteur rapporte le souci de soigner les populations défavorisées et celui d'éduquer les patients sur les motifs bénins. Le fait de se préserver du temps est aussi un moyen pour penser et faire la médecine autrement. (p32) Le jeune MG qui débute son exercice est dans ses questionnements là.

 

Quant à la régulation à l'installation, l'auteur souligne que les inégalités régionales de densité des médecins sont moins fortes qu'il y a qq décennies : personne ne s'en plaignair (p108)........

Pour les jeunes MG de son étude, mais j'y ai reconnu bien des profils de jeunes MG que je connais, la valeur du travail médical est forte. Une politique publique qui contraint sans considérer le souci de bien faire, la capacité à "supporter les patients" (le MG exercice une médecine centrée sur la personne, il accompagne et suit les gens) aura pour effet la fuite de l'exercice MG par ces jeunes diplômés. Quel sera l'intérêt du patient ? Et là, je me reconnais pleinement dans cette conscience de mon métier : oui pour l'exercer mais pas à n'importe quel prix.

 

Merci pour ce regard sur notre métier qui m'éclaire sur moi même !

 

 

 

 

 

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