etude IRDES
Les maisons de santé font faire des économies
Solveig Godeluck / Journaliste | Le 20/01 Les Echos
Dans un récent rapport, l'Irdes, financé à 80 % par l'Assurance-maladie, assure qu'il est intéressant d'aider les médecins, infirmières, kinésithérapeutes, à se regrouper.
Un rapport prône la poursuite des soutiens financiers à ce type d'exercice médical.
Ce n'est pas en donnant plus d'argent aux soignants qu'on obtient une meilleure qualité de soins et une meilleure efficacité économique, puisque les améliorations surviennent dès lors qu'ils se mettent à travailler sur un projet médical commun, pointe l'Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) dans un récent rapport. Mais on a tout intérêt à aider les médecins, infirmières, kinésithérapeutes, à se regrouper, assure cet organisme, financé à 80 % par l'Assurance-maladie. Il faut continuer à expérimenter de nouveaux modes de rémunération (ENMR), mais sans susciter d'effet d'aubaine, souligne-t-il.
L'Irdes préconise de « consolider, voire étendre les mécanismes de rémunération d'équipe » accordés aux centres, maisons et pôles de santé qui ont éclos ces dernières années. Le conseil tombe à pic. Après quatre ans d'expérimentations de rémunérations collectives, les négociations entre l'Assurance-maladie et les professionnels, visant à pérenniser le soutien financier à l'exercice collectif, ont échoué en novembre. Un arbitre, Bertrand Fragonard, doit trouver une solution d'ici au 17 février. Les montants en jeu sont plutôt faibles (autour d'une dizaine de millions), sauf si ce mode d'exercice se développe vite.
Premier recours
Les ENMR sont réservées à une petite frange de la population médicale - environ 300 structures disposant d'au moins deux généralistes et un paramédical. Il y a d'abord les centres de santé, souvent financés par des collectivités locales ou par des associations, dans lesquels les praticiens sont salariés. Ils apportent des soins de premier recours de proximité, souvent à des populations défavorisées. On compte aussi de plus en plus de maisons de santé, où exercent des libéraux. Enfin, les pôles de santé sont des maisons de santé éclatées sur un territoire. « Les économies générées par l'exercice regroupé pluriprofessionnel sur la dépense ambulatoire, principalement concentrées sur les dépenses de spécialistes de soins infirmiers, de masso-kinésithérapie et de pharmacie, sont supérieures, quoique parfois modestement, aux ressources consacrées aux ENMR », observe l'Irdes.
Par ailleurs, les objectifs de qualité de soins, de prévention, ou d'efficience de la prescription sont certes rarement atteints... mais plus souvent que dans l'exercice libéral individuel. Les maisons et pôles de santé accueillent proportionnellement 13 % à 15 % de patients de plus que des médecins en cabinet. Enfin, là où les maisons se sont implantées, la baisse de la densité des médecins généralistes a un peu ralenti de 2008 à 2012 par rapport à 2004-2008, écrit l'Irdes, tout en rappelant que les médecins, souvent jeunes, se rassemblent avant tout pour travailler dans de meilleures conditions.